La parole est aux speakers : Marion Monnet

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Jusqu’au Forum PHP 2021, retrouvez nos interviews de speakers pour mieux comprendre leur parcours et le sujet qu’ils ou elles aborderont lors de leur conférence !

La conférence

Sous-représentation des femmes en sciences et en informatique : comment y remédier ?

Comment se fait-il que les femmes ne représentent aujourd'hui que 15 % des ingénieurs en informatique alors qu'elles étaient près de 50% dans les années 1980 ? Après avoir dressé un état des lieux sur la sous-représentation des femmes en informatique et en sciences plus généralement, je reviendrai sur les causes de cette sous-représentation, et notamment sur le rôle joué par le poids des normes et des stéréotypes. Dans la dernière partie de la présentation, je proposerai différents leviers d'action visant à renverser la tendance et à attirer plus de femmes dans ces filières.

Katherine Johnson / Roissy
21/10/2021
17:35-18:05

Tu y reviendras lors de ta conférence, mais en quelques mots, pour toi, quelle est la principale raison de la sous-représentation des femmes en sciences et en informatique ?

Les causes de cette sous-représentation sont bien entendu multiples mais, de mon point de vue, la principale est le poids des normes sociales et des stéréotypes. Ils enferment dès le plus jeune âge les enfants dans des schémas où les filles seraient destinées à des études littéraires alors que les garçons, plus intelligents, seraient faits pour les sciences. De nombreuses études montrent que ces normes et stéréotypes perdurent, et prévalent même dans des pays où les femmes sont presque autant représentées que les hommes dans les milieux scientifiques comme l’Argentine et la Bulgarie.

Dans le système scolaire, les retours des professeurs peuvent être différents selon le genre de la personne évaluée. En quoi cela consiste t-il exactement ?

Les comportements des professeurs sont en effet (inconsciemment) différents selon le genre de l’élève…mais cela peut jouer en faveur des filles dans les matières où elles sont sous-représentées ! Elles sont par exemple mieux notées que les garçons en mathématiques par rapport à leur niveau réel, ou sont favorisées lors de l’épreuve orale de certains concours comme le Capes (pour les enseignants) ou pour l’entrée à l’Ecole Normale Supérieure. Il semblerait également que les professeurs utilisent un vocabulaire plus encourageant pour les filles que pour les garçons dans leurs appréciations écrites, ce qui se traduit par de meilleurs résultats au baccalauréat.

Tu as estimé l’impact du programme “Pour les filles et la science”. Pourrais tu nous les présenter ?

C’est un programme qui vise à susciter l’intérêt pour les carrières scientifiques chez les jeunes lycéennes, en faisant intervenir une femme scientifique témoignant de son parcours dans leur classe. Les femmes étant très largement sous-représentées dans le milieu scientifique, les jeunes filles ont peu de modèles auxquels s’identifier. L’idée de ce programme est vraiment de leur montrer qu’être une femme scientifique est possible. L’intervention de ces femmes scientifiques a été un vrai succès puisque nous avons observé une augmentation de 30% de la proportion de filles de terminale scientifique s’inscrivant en classe préparatoire « maths/physique » (là où elles sont le plus sous-représentées).

Une conférence présentée par

Marion MONNET
Marion MONNET
Marion Monnet est docteure en économie, actuellement chercheuse post-doctorante à l'Institut national d'études démographiques. Ses travaux de recherche portent sur les politiques éducatives avec un intérêt particulier pour le rôle joué par le genre des élèves dans leurs choix d'orientation puis, une fois sur le marché du travail, sur leurs choix de carrières professionnelles.

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