La parole est aux speakers : Gabriel Pillet

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Jusqu’au Forum PHP 2021, retrouvez nos interviews de speakers pour mieux comprendre leur parcours et le sujet qu’ils ou elles aborderont lors de leur conférence !

La conférence

Plongée dans l'écosystème Laravel

Après une douzaine d'années à faire du développement backend sur Symfony, je me retrouve aujourd'hui directeur technique d'une agence qui travaille exclusivement sur Laravel, quel choc !

En France quand on parle de Laravel, le débat tourne vite au troll (parce que Symfony = cocorico, donc Laravel forcément = satan). Mais loin des clichés Laravel est un framework étonnant qui, en plus d'être très accessible, se démarque par un écosystème varié et complet, qui permet d'économiser le développement de fonctionnalités génériques (panneau d'admin, CRUD, gestion des abonnements, authentification, etc.).

L'écosystème Laravel est composé de projets open-source, mais aussi de projets SaaS complets qui peuvent vraiment changer la donne (je suis par exemple tombé amoureux de Laravel Forge), mais est-ce que la France est prête pour le business à l'américaine ?

Katherine Johnson / Roissy
21/10/2021
14:25-15:05

Tu vas nous parler de Laravel : penses-tu qu’il y a une réelle aversion en France pour ce framework ?

Je découvre tout juste depuis décembre Laravel sur du code « de production », mais j’ai été pendant 12 ans du côté Symfony de la force : j’ai commencé sur la 1.2 quand l’utilisation d’un framework était presque anecdotique et j’ai continué jusqu’à la version 5.x.

J’ai entendu parler de Laravel la première fois quand j’ai donné mes premiers cours sur Symfony, les écoles commençaient à ce moment à proposer Laravel dans les écoles d’ingénieur en alternative aux cours Symfony, Laravel étant plus facile à prendre en main par des débutants sur le papier. À l’époque je n’y prête pas trop attention, mais au fur et à mesure de sa popularité j’ai entendu de plus en plus parler de Laravel, et surtout pour le critiquer.

En France, et plus spécialement à Lyon, il y a un « cœur de développeurs et développeuses Symfony ». On a un effet « Cocorico » puisque Symfony a été créé en France par Sensiolabs à l’époque, je pense que ça a aidé Symfony à obtenir une forte adhésion chez les devs français·es (ça et le fait que Symfony était un très, très bon outil par rapport aux autres frameworks PHP à l’époque).

Je ne suis pas sûr qu’il y ait une vraie « aversion » pour Laravel, mais plutôt des devs qui aiment beaucoup (trop ?) Symfony. On retrouve bien sûr des trolls parce que Laravel incarne la concurrence et le changement (même si pour rappel Laravel est basé en grande partie sur des composants Symfony), mais on connaît bien les trolls dans notre milieu, que ce soit Java vs PHP vs Python vs Ruby, Linux VS Mac OS vs Windows, Fifa vs PES. ? Il y a toujours moyen de trouver des terrains de désaccord, ce qui peut être est, aussi, une exception Française. ?

De ce que j’entends les plus gros reproches qu’on fait à Laravel sont :

  • le fait qu’on puisse facilement faire du code « sale » avec, sans respect des bonnes pratiques PHP (on note par exemple les « façades » de Laravel). Un bon talk qui aborde ce sujet est la conférence « Laravel : The good, the bad and the ugly » par Stephane Hulard à l’AFUP Day 2019 à Lyon. D’ailleurs pour l’anecdote c’est sur un projet « legacy » via Stéphane que j’ai découvert Laravel « en vrai » sur un projet en Freelance. ?
  • la documentation de Laravel qui est très succincte. Pour le coup je suis 100% d’accord, elle est plus facile d’accès, mais au dépend de l’exhaustivité. On est souvent obligé de creuser dans les forums ou le code pour connaître pleinement certaines parties des fonctionnalités.
  • l’écosystème Laravel est un « Business à l’Américaine » : une certaine partie de cet écosystème n’est accessible qu’une fois qu’on a mis la main au porte monnaie, et c’est mal vu.

Moi ce que j’aime avec les défauts de Laravel, c’est qu’ils sont tous très assumés par ses créateurs… enfin bref, je pourrais en parler des heures, c’est un sujet qui me passionne. ?

Tu as déjà donné des conférences à des meetups, à un PHP Tour et à des AFUP Day. Cela sera ton premier Forum PHP en tant que speaker. Comment abordes-tu cette conférence ?

ENFIN CHOISI, OUF ! Blague à part c’est la troisième fois que je soumets des sujets au Forum PHP et la première fois que je suis reçu, c’est un message d’encouragement que j’envoie aux déçu•es : il faut persévérer !

Ce sera ma plus grosse conférence à date et j’ai vraiment hâte de pouvoir parler sur le même évènement que des conférences qui m’ont profondément marqué, et j’espère que mon sujet sera bien accueilli. ? Si c’est le cas je prépare déjà la prochaine étape : les conférences in English, oui, oui. ?

J’ai aussi hâte que des formats plus courts et locaux reviennent à l’ordre du jour : à quand le grand retour des apéros / conférences PHP à Lyon ?! C’est sur des petits formats moins formels que j’ai commencé à expérimenter les talks il y a une dizaine d’années et je penses que c’est le format idéal pour les débutant·e·s.

Après 13 ans dans le développement tu es maintenant CTO d’une agence web. Comment se passe une telle transition et cela a t-il changé ta vision sur le développement ?

J’ai eu une carrière assez mouvementée, généralement je ne tiens pas trop en place. J’ai codé pendant une douzaine d’années à faire du dev Backend, à la fin en Freelance, et je commençais à un peu faire un burn-out du code et à vouloir reposer mon cerveau.

J’ai toujours voulu faire aussi du management d’équipe mais ça m’a souvent été refusé au motif (véridique) que je n’avais pas d’expérience réelle sur mon CV, au mieux j’ai réussi à en faire « en sous-marin » dans des précédents jobs en tant que Lead.

C’est un peu par chance et opportunité que je me suis retrouvé CTO chez Web^ID, une agence tech que je connais depuis longtemps pour avoir fréquenté avec son fondateur les mêmes espaces de coworking. Web^ID est ce qu’on appelle une boîte « à dimension humaine » : nous avons 10 développeuses et développeurs pour 14 employés au total. Ça a tout de suite collé avec les devs grâce à mon background technique (enfin j’espère ?), et de mon côté j’adore expérimenter avec eux sur de nouveaux process, outils et moyens de faire encore et toujours mieux qu’avant. Agence oblige, il y a aussi une grosse part de mon temps qui est passé en avant-vente avec les prospects, et même si j’étais un peu réticent au départ j’aime beaucoup cette étape sur la faisabilité technique. Les futurs clients sont toujours rassurés d’avoir en face quelqu’un avec un vrai passé de développeur.

Comme le dit très bien un de mes devs chez Web^ID « Tu as atteint ton niveau d’incompétence ! », mais j’avoue que des fois j’aimerais avoir un peu plus le temps de coder : je dois en être à environ 3% de mon temps à produire du code et mon objectif serait d’arriver un jour à au moins 30% ! ?

Une conférence présentée par

Gabriel PILLET
Gabriel PILLET
13 ans de développement backend PHP/Symfony, un an dans l'Assurance Qualité chez Yousign et maintenant CTO dans une petite agence tech certifiée Laravel, j'ai toujours eu une grande passion pour la qualité dans le Web à tout les niveaux (code, fonctionnel, bugs accessibilité, UX, performances, etc.).

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